Le Grand Prieuré Russe

Jusqu’à la Révolution (2)

C’est un ouvrage russe publié par Panor et Zamyslovsky en 1891 qui est à l’origine de la naissance du pseudo-mythe de la suppression des commanderies héréditaires entre 1810 et 1817. En effet on sait qu’en 1817 un jeune officier de l’armée russe, l’enseigne Lazarev, demanda l’autorisation aux autorités gouvernementales de pouvoir porter la croix de Saint-Jean qu’il avait reçue d’Italie (par l’entremise du chevalier Serra-Capriola, mentionné dans la liste de 1799 comme membre du Grand Prieuré Catholique) où l’Ordre tentait de se reconstituer non sans mal sur les débris des prieurés italiens. Il lui fut répondu que cet ordre (catholique) n’existait plus à cette date en Russie. La Russie d’Alexandre Ier n’avait, pas plus que la France de Louis XVIII, envie de reconnaître les décorations d’un « Ordre » sans magistère, sans territoire et finalement sans souveraineté. Les modernes historiographes de l’Ordre de Malte Romain (dont un soi-disant « prince russe » ) ont tout simplement inversé le sens réel de cette réponse en arguant qu’elle signifiait la disparition du Grand Prieuré Russe… En 1810, devant le coût financier de plus en plus exorbitant de la guerre, l’Empereur Alexandre 1er avait séquestré toutes les propriétés et les valeurs des deux Prieurés russes de l’Ordre. Cela permit de renflouer quelque peu le Trésor et d’éviter la fuite de capitaux vers l’étranger (par le biais des « droits de passages » qui auraient pu être envoyés vers l’Italie). D’autre part la biographie du Prince Toufiakine, Commandeur Héréditaire du Grand Prieuré Russe, issue des archives d’Etat, mentionne qu’il « émigra à l’étranger où il passa le reste de sa vie. En 1841, il avait été déchu de ses fonctions de Chambellan et de ses dignités de Maître de la Cour et de Commandeur de l’Ordre de Malte. Il passa ses derniers jours à Paris où il mourut le 19 février 1845. » Ceci démontre assez clairement la survivance du Grand-Prieuré Russe car on ne voit pas pourquoi l’Etat aurait eu besoin de déchoir un commandeur de sa charge en 1841 si le Grand-Prieuré avait été supprimé en 1810-1817…
Vers 1902 des tentatives furent faites afin de rétablir l’Ordre de Malte Romain en Russie.
D’autre part on notera en 1912 l’autorisation accordée par Nicolas II au Comte Vladimir Armfeldt de porter la croix de l’Ordre de Saint-Jean (non-romain) et l’extension de ce droit (héréditaire donc) à son fils. Ceci prouve encore l’évidente survivance du Grand-Prieuré Russe de l’Ordre de Saint Jean, bénéficiant jusqu’au bout du soutien et de l’agrément de l’Empereur.
Le Grand Prieuré Russe continua ainsi à exister jusqu'à la Révolution de 1917. Après la Première Guerre mondiale et la montée destructrice du bolchevisme, toutes les institutions impériales, dont le Grand Prieuré Russe de l'Ordre de Saint Jean, furent supprimées. Les bâtiments de l'Ordre orthodoxe, ses biens et autres propriétés, furent saisis et détournés de leur précédent usage.

 

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Images de haut en bas:
(1) Insignes du Grand Prieuré Russe au XIXème siècle
(2) Insignes de donats du Grand Prieuré Russe au XIXème siècle

 

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